Guillaume Lambert est maintenant un artiste bien connu du grand public québécois. Au petit écran, on le retrouve dans plusieurs séries populaires telles que Ruptures, Les mecs, La confrérie, L’échappée et Like-moi! Il anime depuis 2019 l’émission de voyage Avec ou sans cash. En 2014, le court-métrage Toutes des connes, dont il est auteur et acteur principal, se retrouve en compétition officielle à Sundance et Telluride et reçoit le Jutra du meilleur court-métrage. Il publie un an plus tard son premier roman, Satyriasis (mes années romantiques). De 2016 à 2019, il écrit les trois saisons de L’âge adulte diffusée sur ICI TOU.TV, série qui s’est démarquée dans les plus grands festivals internationaux. Récemment, il a coécrit avec Florence Longpré la série télé Audrey est revenue, disponible sur Illico. En 2018, il sort son premier long-métrage, Les Scènes fortuites. Son nouveau film Niagara prendra l’affiche le 16 septembre prochain!
Maelström - Denis Villeneuve
Je suis un grand fan de ce film. Je me rappelle qu’à sa sortie, il m’avait complètement bouleversé. Les performances de Marie-Josée Croze et Jean-Nicolas Verreault valent à elles seules le coup d'œil. Le scénario est génial et s’inscrit selon moi dans le même courant début 2000 des grands films modernes comme Amores Perros de Iñárritu ou Magnolia de P.T. Anderson. La force des dialogues est formidable (“Ce poulpe est coriace”), de la trempe de ceux de Robert Lepage. La photo d’André Turpin est évidemment magnifique, et la restauration du film vaut le détour. Je l’ai revu récemment et j’ai réalisé à quel point ce film m’avait influencé comme artiste.
Nuit # 1 - Anne Émond
J’ai vu ce film pour la première fois dans un festival en Allemagne, et c’est là aussi que j’ai rencontré sa réalisatrice, Anne Émond. Coup de foudre instantané, autant pour le film que pour la femme ! J’aime tout de ce film : le huis clos et la photo, bien sûr, mais surtout, le point de vue féminin sur cette relation d’un soir. J’aime le mouvement dans le film, c’est un film d’une grande puissance, d’une troublante intimité, et qui est très vivant. Peut-être même c’est ce film québécois qui représente le mieux ma génération.
Continental - Un Film sans fusil - Stéphane Lafleur
Stéphane Lafleur fait également partie des cinéastes qui m’ont influencé, autant dans sa comédie que dans son drame. J’adore le beige et le brun. J’adore le terne. Je trouve que dans les moments taciturnes, il y a une grande poésie, une grande tristesse, une grande beauté. Ce film, c’était le début d’un courant, d’un décloisonnement du cinéma (trop) réaliste au Québec, d’une nouvelle génération de cinéastes. Je ne saurais le recommander davantage.
Fauve – Jeremy Comte
Je dois beaucoup au court-métrage. Encore aujourd’hui, je reçois souvent des commentaires sur Toutes des connes (2014), que j’ai écrit et interprété, et qui a été réalisé par François Jaros. J’adore le format du court-métrage, je trouve qu’il permet d’expérimenter beaucoup de choses, et qu’il permet d’être délinquant. C’est un terrain foisonnant de créativité ! Je recommande donc de plonger aveuglément dans le monde du court-métrage, que ce soit pour la sensibilité des film Les Grandes claques (Annie Saint-Pierre) ou La Coupe (Geneviève Dulude-De Celles), la pertinence de Frimas (Marianne Farley) ou la folie des films d’animation de Joël Vaudreuil ou de Zviane. J’avais d’ailleurs demandé à ce que La pureté de l’enfance joue en salles devant mon premier long métrage Les scènes fortuites. Je crois qu’il devrait toujours y avoir un court devant un long, pour permettre aux grands cinéastes de demain d’avoir une plus grande visibilité, de trouver leur public et surtout, de diffuser leurs œuvres sur grand écran. Et si je dois n’en recommander qu’un seul, je pense spontanément à la force dramatique de Fauve, de Jeremy Comte.
Les Oiseaux ivres - Ivan Grbovic
Ce film a tout raflé ou presque au dernier gala Québec Cinéma et c’est amplement mérité. Il y a une sensibilité à fleur de peau dans ce film. La photo de Sara Mishara est évidemment impeccable, troublante. Claude Legault et Hélène Florent offrent des performances mémorables, mais j’ai un faible pour le jeu de Marine Johnson. Il y a beaucoup de grands moments de cinéma dans ce film. Par contre je n’ai pas vu un seul oiseau ivre dans le film, c’est bien dommage, je m’attendais à un combat de perroquets un peu chaudaille. Dommage.
Babysitter - Monia Chokri
Vive Monia Chokri ! C’est tout ce que j’ai à dire. Babysitter est féministe, punk, moderne, old schcool, théâtral, puissant et plein de paradoxes. Hourra pour ce film qui nous fait rire autant qu’il nous trouble. Hourra pour sa séquence d’ouverture, hourra pour l’évolution des personnages, hourra pour son regard sur la masculinité toxique. Et vive Nadia Tereszkiewicz, la révélation, qui nous rappelle des icônes françaises comme Brigitte Bardot, Béatrice Dalle ou Vanessa Paradis. Et bravo à Monia Chokri elle-même, qui en femme insomniaque et déprimée, livre une performance absolument formidable !